Brigitte Dussert : là encore, il faut des vins équilibrés, avec une bonne acidité...
Patrick Dussert-Gerber : en Vallée du Rhône, puisqu’il y a le mistral tout comme en Provence, les raisins étaient bien séchés et l’ensoleillement plus favorable qu’ailleurs, les vins ont beaucoup moins souffert des maladies. La Vallée du Rhône et la Provence sont deux régions qui ont fait un grand millésime classique, dans la lignée des précédents. Les blancs seront très charmeurs, très parfumés. 2007 sera un millésime sur le fruit, en rouge comme en blanc, un millésime de fraîcheur, un vin gourmand avec beaucoup d’arômes de fruits et de fleurs, un vin comme on les aime.
On cite souvent les sols de Châteauneuf-du-Pape, plus ou moins profonds, très caillouteux, qui sont constitués pour l’essentiel de gros quartz roulés mélangés à de l’argile rouge sableuse. Ces gros galets roulés, amoncelés autrefois par le glacier du Rhône, fournissent à la vigne des conditions exceptionnelles de maturation. C’est le secteur le plus sec des Côtes du Rhône ; le vent dominant est le mistral, l’ensoleillement est de 2 800 heures par an, la chaleur emmagasinée par les cailloux dans la journée est restituée la nuit, provoquant un “effet de four”. Toutes ces conditions, dans un millésime comme 2007, sont des atouts majeurs.
Mais il n’y a pas qu’à Châteauneuf-du-Pape qu’il y a des terroirs très propices. On en trouve dans des appellations moins connues, qui “sortent” pour autant une flambée de bouteilles superbes.
À Rasteau, par exemple, le vignoble s’étend sur la plupart des terres du village, dans le département du Vaucluse, sur des sols bruns et calcaires, des sols squelettiques sur marnes et des sols rouges sur grès. Le climat est de type méditerranéen, exposition sud des coteaux, légèrement protégés du mistral. Non loin, à Visan, les vieilles vignes plantées sur des coteaux-argilo-calcaires riches en galets exposés plein sud, sont également garantes de beaux vins. À Gigondas, idem : le vignoble est tout entier sur la commune sur des sols d’alluvions d’argiles rouges caillouteuses, sur des pentes ou de vastes terrasses, et le mistral est le vent dominant.
Pour les vins que l’on débouche aujourd’hui, il faut quand même bien admettre que le millésime 2003 est parfois très mûr, le 2002, qui a été très difficile à maîtriser, n’est pas une merveille, alors que les 2006, 2005, 2004 et 2001 sont formidables. Il faut aussi prendre le temps de conserver ces vins, car on savoure de grandes bouteilles actuellement dans des millésimes comme 98, 95, 90 ou 85.
En blancs, on pourra miser indubitablement sur les 5 derniers millésimes, 2007 compris, bien entendu, avec une préférence pour les très grands années que sont les 2006 et 2005, puis les 2000 ou 1996.
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Le Rhône est une région très étendue, et il faut se donner les moyens pour faire au mieux : petits rendements, vendanges à la main, etc.
Voir le Classement 2008 des meilleurs vins